Pierre-Jean Jouve, Sueur de sang

L’homme

" Je n’aurais jamais écrit une ligne si je n’avais pas cru au rôle sanctificateur de l’Art " (En miroir)

Né en 1887 et mort en 1976, Pierre-Jean Jouve a vu sa vie se confondre pratiquement avec son travail poétique. Il découvre la poésie à seize ans et y travaille ensuite sans relâche. Poète de la résistance, il a offert aussi de très beaux textes engagés. Discret, hostile aux mouvements littéraires tels le surréalisme, il a fourni une oeuvre immense, réunie en œuvres complètes entre 1964 et 1967. Il a aussi écrit plusieurs romans, étroitement liés à son œuvre poétique. Sa poésie n’est pas séparable de la psychanalyse dont il développe les grands thèmes, l’éros, la faute, la mort, le symbolisme psychique. Très religieux, il a été très marqué par les écrits de mystiques tels que saint François d’Assises ou Thérèse d’Avila. On peut le considérer comme l’héritier direct de Baudelaire et Nerval.

L’œuvre

Cette œuvre de poésie, qui date de 1935, est un des plus bels exemples de l’immense œuvre poétique de Pierre-Jean Jouve. Berman dans le Dictionnaire des œuvres en parle ainsi : " Comme si les mots explosaient sous la pression de ce qu’ils ont à dire ". En effet, dans ces textes, la syntaxe traditionnelle est complètement abandonnée, ainsi que la versification. Ce recueil peut être considéré comme la première apparition de la poésie inconsciente, non comme l’envisage les surréalistes, à travers l’écriture automatique mais dans un rapport extrêmement travaillé à la psychanalyse. " C’est une explosion d’images douloureuses, violentes, insoutenables" (ibid.), où la symbolique joue un rôle immense et désiré. Il s’agit pour l’auteur, comme il l’explique lui-même dans la préface, de travailler sur les thèmes d’Eros et Thanatos qu’il identifie avec la chair, le pêché. Pour lui, la guérison passe, dans une perspective très religieuse, par la reconnaissance du désir, le salut par la reconnaissance de la faute et la volonté de vivre jusqu’au bout la culpabilité. Cela se traduit par un choc entre ces thèmes bruts du sexe et de la mort et un souci de la forme confinant à la préciosité. L’oeuvre s’organise en trois parties, Sueur de sang, qui est une ré interprétation de la passion du Christ en termes sexuels, L’aile du désespoir et Vaux étranges, qui mêlent les thèmes de la sexualité, du désir d’élévation et de la recherche du paradis terrestre. Sueur de sang, renforce la clarté de la thématique de Noces, et il faut noter que les obsessions qui s’y illustrent disparaîtront progressivement par la suite.






Epoque : 1935
Auteur : Pierre-Jean Jouve (1887-1976)