L'homme
Né à Carnac en 1907 et décédé en 1997 à Paris, Guillevic, fils de marin breton, a aussi très bien connu le Nord et l’Alsace dont il a appris la langue ainsi que l’allemand. Après ses études, il travaille au ministère des finances et vit à Paris, en tant qu’inspecteur de l’Economie nationale. Sympathisant communiste dès la guerre d’Espagne, il adhère au PC pendant la seconde guerre mondiale. Ce n'est que tardivement qu'il publie des œuvres: Terraqué en 1942, suivi en 1947 d’Exécutoire, qu’il dédie à celui qui est devenu un ami très proche pendant la guerre : Eluard. Alors que le premier recueil fut bien accueilli par la critique et le public, le second passe presque inaperçu. Très influencé par Jean Follain, son ami depuis l’avant-guerre, il publie chez Gallimard encore une demi-douzaine de recueils de très bonne qualité, jusqu’en 1977.
L’œuvre
Publié la même année que Le Parti pris des choses de Francis Ponge, Terraqué travaille dans le même esprit, c’est-à-dire que Guillevic s’intéresse et interroge les choses les plus modestes. On se rapproche de la poésie " objective ", rêve de Rimbaud qui l’opposait à la " subjectivité ", à l’effusion des romantiques ou de Verlaine. C’est l’avènement de l’objet, déjà initié par les surréalistes belges, Nougé et Lecomte en poésie, Magritte en peinture,
" Assiettes en faïence usées Dont s’en va le blanc Vous êtes venues neuves Chez nous.
Nous avons beaucoup appris Pendant ce temps. "
L’art poétique chez Guillevic est guidé par cette idée que les mots habillent l’homme qui sans eux est nu face au monde et face à lui-même. La peur d’être exclu habite Terraqué et le poète y combat ce sentiment, comme celui de la mort.