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Giono, un roi sans divertissement

Résumé

Fin 1843, de terribles événements bouleversent le village de Chichiliane, victime d’un fou, M.V., qui enlève et assassine les habitants. Langlois arrive au village pour engager une chasse à l’homme et tue le meurtrier. Un an plus tard, Langlois revient habiter au village et, cette fois, il va organiser avec les habitants une battue au loup dans la montagne enneigée, à la fin de laquelle il exécute l’animal. Rapidement, Langlois va connaître la mesure de l’ennui. Il charge alors son amie et confidente, Saucisse, tenancière du café de la Route, de lui trouver une femme. Saucisse lui amène Delphine, qui répond à tous les désirs émis par Langlois sauf un : Delphine est sotte. Mais l’ennui continue d’habiter Langlois qui, partagé entre la bienfaisance et la violence, oblige une villageoise à égorger une oie pour s’abîmer dans une longue contemplation du sang sur la neige avant de se suicider en fumant un pétard de dynamite.

Commentaire

Quand Giono abandonne la rédaction du Hussard sur le toit, il se lance dans Un roi sans divertissement. Au choléra succède le meurtre, autre symbole du mal. Par cette citation de Pascal : " Un roi sans divertissement est un homme plein de misères ", Giono achève sa chronique en 1947, et fait ainsi référence à la théorie du divertissement qu’il énonce dans la préface de Machiavel et selon laquelle il peut comprendre ce qui, à ses yeux, constituait l’énigme fondamentale des sociétés humaines, à savoir la guerre : la guerre ne s’explique que par la recherche du divertissement, la seule grande distraction étant celle du meurtre. Mais Langlois ne consent pas au crime, et sa mort devient la seule issue possible de son évolution spirituelle. Après l’exécution de M.V. que la chasse au loup ne fera que répéter, la vie de Langlois ne sera qu’une quête de l’absolu. Ce roman métaphysique, qui met en scène un homme solitaire se faisant une idée de lui si pure qu’il en est vaincu d’avance, soutient la thèse que seule la mort est un véritable absolu parce qu’elle rapporte l’homme à sa dimension cosmique. L’épanchement du sang sur la neige est le symbole de ce phénomène qui pousse les individus organisés dans l’univers de Giono à se dissoudre et à rejoindre la masse indifférenciée de la matière primitive.






Epoque : 1947
Auteur : Jean Giono(1895-1970)
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