De la Rome antique, la mémoire commune garde entre autres le rapport de cette civilisation aux jeux. Les édifices restant aujourd'hui témoignent que le pouvoir politique les voulait grandioses. L'Empire a d'ailleurs donné au peuple les moyens de se divertir : les Césars s'assurant ainsi l'approbation du peuple. Parmi les édifices du monde romain, les Arènes d'Arles est l'un des mieux conservés. En 90 après J.C, dans le cadre de l'embellissement de la cité antique, les ingénieurs romains trouvent sur cet espace un endroit idéal pour bâtir un tel édifice tant la topographie naturelle s'y prêtait. Les arènes reprennent les caractéristiques classiques de ce type de construction et s'inspirent du Colisée de Rome tout juste terminé : un système d'évacuation par de nombreux couloirs d'accès, une scène centrale de forme elliptique entourée de gradins, des arcades, ici sur deux niveaux (60 en tout), le tout pour une longueur totale de 136 mètres. Pouvant accueillir 25 000 spectateurs, ce "temple" du jeu a vu s'affronter pendant plus de quatre siècles des gladiateurs et a abrité des scènes de chasse. A la chute de l'Empire au Ve siècle, les arènes s'adaptent à la nouvelle réalité du temps : le retour de l'insécurité. Les voilà donc transformées en bastide, sorte de forteresse, avec quatre tours et dans laquelle s'intègrent plus de 200 habitations et deux chapelles (voir dessin). Rajout qui lui donne une dimension sacrée après la nature violente qui lui été attachée. Sa nouvelle fonction résidentielle perdurera dans le temps avant que l'expropriation commencée dès la fin du XVIIIe siècle n'aboutisse définitivement en 1825. Classé monument historique à l'initiative de l'écrivain Prosper Mérimée en 1840, les arènes retrouvent dès 1830 le rapport initial à la fête et au sang pour lesquels elles ont été construites, comme une sorte de pérennisation des mœurs romaines, avec le spectacle taurin. Une fonction que les arènes gardent encore aujourd'hui puisque des corridas s'y déroulent régulièrement, auxquelles il faut ajouter théâtre et spectacles musicaux, une manière d'allier préservation du patrimoine ancien et vie culturelle d'aujourd'hui.