Grenade, comme la majeure partie du sud espagnol, garde profondément les traces de l'occupation musulmane qui dura, pour la ville, près de 800 ans. De cette époque, il reste le majestueux ensemble architectural qu'est l'Alhambra qui en arabe signifie "la rouge", du nom de la couleur des murailles. Sur l'éperon rocheux qui domine la ville, les autorités musulmanes ont installé dès le IXe siècle le centre de leur pouvoir, et il restera la trace de leur puissance.
La partie la plus ancienne est l'Alcazaba (1), à savoir la forteresse placée au coin est de l'éperon (voir plan). De plan triangulaire avec une tour à chaque angle, il abritait une garnison militaire. A l'autre extrémité de l'Alhambra, se situe un vaste jardin dit du Généralife (voir photo) servant de lieu de repos et de méditation. Tout, d'ailleurs, y invite: la variété des plantes et fleurs se marie avec le jeu de l'eau pour créer un univers particulier qui a toujours séduit les hommes (les chrétiens ne l'ont jamais rasé) et certains romantiques y trouvaient l'inspiration.
Au centre de l'Alhambra se trouve le palais nasride (2), du nom de la dynastie royale qui habita au palais et qui domina Grenade jusqu'à la veille du XVIe siècle. Construit au XIVe siècle par Muhammad V, c'est le centre politique et religieux de l'Alhambra où se succèdent salle de réception des étrangers, lieu de résidence, espace religieux, le tout relié par de nombreux patio, une cour intérieur comprenant souvent un espace réservé à l'eau. Là encore, cet espace rappelle l'importance de l'eau dans l'architecture musulmane. A cet égard, la cour des lions est l'une des plus célèbres: au centre d'une petite cour est installée une fontaine octogonale avec douze lions en pourtours (photo).
La décoration de l'Alhambra est fascinante tant elle exprime la maîtrise des artisans qui ont recouvert les murs ou les plafonds de pièces de stucs finement sculptées de motifs écrits ou végétaux (les représentations humaines, impies, sont par contre absentes).
Mais en 1492, les rois catholiques achèvent de reconquérir l'Espagne en prenant Grenade. S'ouvre alors une nouvelle ère et l'Alhambra, espace de l'ennemi, se devait d'en porter les traces. C'est pourquoi Charles Quint, petit-fils des rois catholiques, y fait construire un palais d'architecture renaissance qui empiète sur le palais Nasride. De forme carrée, il englobe une cour ronde bordée d'une arcade de colonnes sur deux étages.
Aujourd'hui, l'Alhambra, malgré une période d'abandon au XIXe siècle, a gardé son charme et une grande partie de ses richesses, d'autant plus surprenantes qu'elles mêlent art musulman et chrétien.