La perte progressive de la Nouvelle-France
Dès l’installation de la France au Canada, le conflit avec les Anglais devient une composante récurrente de l’histoire de la Nouvelle-France. En 1629, des bateaux français sont interceptés par les frères Kirke qui assiègent Québec menacé par la famine. Les frères Kirke n'auront pas plus de chance : l'épidémie et la disette leur prennent 14 soldats lors de « leur premier hivernement ». La ville de Québec est finalement prise par les frères Kirke. Par le traité de Saint-Germain-en-Laye le 29 mars 1632, Québec est restituée à la France comme l'Acadie.
La menace anglaise vient des intérêts divergents entre les deux nations européennes nés des potentiels d’expansion économiques que permettent la colonisation naissante. La configuration géographique de l’Amérique du Nord ne peut qu’entretenir le risque de nouvelles attaques. Les colonies britanniques américaines se situent juste au dessous de la Nouvelle-France et constituent une masse vingt fois plus nombreuses au début du XVIIIe siècle et elle s'enrichit d’une économie plus libérale, moins contrainte par l’Etat, où le prêt à intérêt est permis, où la création de richesse est investie dans le développement local. De plus, le refus essuyé par les huguenots Français qui souhaitent émigrer au Canada détourne le flux migratoire vers la terre anglaise. Ce mouvement d’exportation forcée des compétences pour motif religieux contribue à affaiblir la colonie française en la privant d’acteurs économiques porteurs d’un potentiel de croissance.
Le XVIIIe siècle marque le début d’une régression progressive du Canada sous domination francophone. Le développement local, notamment économique et démographique, ne peut être le seul déterminent de l’avenir de la colonie. Les guerres des nations européennes mondialisent les enjeux stratégiques. Ce conditionnement de l’avenir des colonies par les guerres d’Europe s’exprime violemment par le traité d’Utrecht en 1713 qui met fin à la guerre de succession d’Espagne. La France cède l’Acadie, la baie d’Hudson et Terre Neuve. Cette amputation brutale crée un croissant géographique comme un étau oppressant, enfermant la Nouvelle-France pour qui le Saint Laurent reste le seul échappatoire.
Cette perte s’accompagne d’une déportation forcée des Acadiens après avoir refusé de devenir sujets Britanniques. De 1755 à 1762 environ 12 000 Acadiens, de langue Française, doivent quitter la terre qu’il ont, avec leurs ancêtres émigrés de France, contribuer à enrichir. Ce mouvement de population est connu sous le nom de « Grand dérangement » et porte un lourd souvenir dans la mémoire des francophones du Québec.
La prédominance des enjeux des nations métropoles continuent de placer le conflit Canadien dans une guerre plus large en devenant un théâtre d’opération de la guerre de Sept ans qui voit en Europe et en Inde combattrent la France,l’Autriche, l’Angleterre, la Prusse.
En 1759, les troupes du général Wolfe assiègent la ville de Québec, bombardent depuis la rive sud de la basse ville infligeant de sévères dégâts et causant des victimes civiles. En septembre, la confrontation a lieu sur les plaines d’Abraham à quelques lieux de Québec. Les Français essuient une défaite fatale qui, au delà de la mort des généraux des deux armées, Montcalm et Wolfe, scellent le sort du Canada. L’issue de la guerre amène la France à perdre une grande partie de ses colonies dont la Nouvelle–France par le traité de Paris de 1763. La révolution Américaine des années 1775-1783 qui monte jusqu’à Québec ne relancent pas pour autant la Nouvelle-France. Avec la vente de la Louisiane en 1800, l’Amérique Française s’efface.