Une installation longue et difficile
Exclue du partage de Tordesillas, François Ier envoie Jacques Cartier vers l’ouest, pour rechercher une route des Indes et les richesses potentielles que l’on y trouverait. Arrivé à Terre-Neuve le 10 mai 1534, il explore ce vaste fleuve qu’il nomme Saint-Laurent du nom du Saint qui marque le jour de la découverte du fleuve, le 10 août. Cartier prend contact avec plusieurs peuples Amérindiens et ramène en France deux Iroquois.
Malgré deux autres voyages en 1535 et 1541, aucune installation durable n’est maintenue ou entreprise. Les colons arrivés en 1541 doivent rejoindre la France l’année suivante du fait de l’hiver rude, des maladies et des relations difficiles avec les Amérindiens.
De Tadoussac à la première colonie de Québec :
Si d’autres expéditions au Canada sont ensuite menées, l’une d’entre elle, en 1603, embarque un cartographe, Samuel de Champlain, qui est chargé par le Roi Henri IV d’établir une carte des lieux. Il accompagne François Gravé, explorateur qui se rend depuis 20 ans sur le Saint-Laurent, pour entretenir un troc avec les Amérindiens : fourrures contre des vêtements, perles de verres ou objets de cuivre.
Le navire mouille à Tadoussac, sur la rive nord du fleuve dans une baie formée par l’embranchement entre le Saint-Laurent et le Saguenay. La France entretient avec le peuple Amérindien des Montagnais une entente cordiale. Leur chef, Anadabijou, invite les étrangers à une "tabagie", la cérémonie du calumet de la paix. C’est lors de ce premier voyage, que se formalise l’entente avec les Montagnais par un traité d’assistance contre les Iroquois, leur ennemi. Mais rien encore, à part le commerce des fourrures et l’embryon d’une politique étrangère sur les nouvelles terres du Canada ne fait exister la Nouvelle-France.
L’année suivante, Samuel de Champlain part explorer les côtes de l’Acadie, la colonie n’est établie que pour l’hiver. Les années 1604-1607 ne sont marquées, sur le plan de l'installation, que par la découverte d’un seul lieu de colonie pérenne à Port-Royal en Nouvelle-Ecosse ou des richesses minières justifient d'y batir. En revanche Champlain, qui est cartographe, dessine la première carte de Nouvelle-France de Terre Neuve aux Grands Lacs en 1607. En 1608, Samuel de Champlain jouit d’un privilège de commerce pour un an au Canada, mission motivant la fondation d’une première installation sur les rives du Saint-Laurent. En remontant une nouvelle fois le fleuve Champlain décide de s’arrêter là ou les rives se rejoignent, à la base d’un promontoire rocheux sur la pointe de Québec ainsi appelée par les Amérindiens pour établir un poste de traite des fourrures.
Le 3 juillet 1608 voit l’installation de Champlain et de ses 27 membres d’équipage. La première habitation est élevée pour l’hiver dont la sévère rudesse emporte 19 hommes. Les années suivantes marquent l’établissement progressif d’une colonie, qui, initialement à vocation commerciale, évolue pour devenir une implantation aux ambitions plus étendues.
La consolidation de la colonie :
La longue consolidation passe d’abord par la voie politique. En 1609 Champlain signe une alliance avec les Algonquins et les Hurons contre les Iroquois. En 1615, les Récollets de Rouen, premiers religieux venus s’installer au Canada, débarquent pour évangéliser les Amérindiens suivis des Jésuites en 1625.
Champlain s’attache également à découvrir ce qui devient la Nouvelle-France, il part en 1609 avec des Montagnais et des Hurons pour explorer les terres et découvrir de nouvelles sources de fourrures. En 1615, il entreprend une nouvelle expédition en Huronie (territoire des Hurons proche des grands lacs). Le canada devient l’engagement de sa vie. Mieux le connaître est nécessaire à sa compréhension, utile pour sa promotion auprès de la cour pour justifier un engagement de la France à investir en tant que métropole.
Après un retour en France pour l’hiver 1610-1611, Champlain regagne Québec avec le titre de lieutenant du vice-roi en Nouvelle-France. Cette reconnaissance royale des efforts entrepris pour maintenir la colonie assoie sa légitimité politique.
Dans sa correspondance avec la France, Champlain exporte son enthousiasme de rassembler Français et Amérindiens, croit que la route de la Chine est proche, décrit les richesses dont la France gagnerait tant à exploiter. Ce déterminisme continu paye, lentement. Neuf années après la fondation de Québec arrivent en 1617 le premier agriculteur et sa famille en Nouvelle-France, Louis Hébert, ouvrant la voie à une production locale garante d’une subsistance nécessaire au développement de la colonie.
Deux ans plus tard, Champlain reçoit en 1619 la charge de l'administration de la colonie par le par le Duc de Montmorency, gouverneur de Nouvelle-France.
Mais c’est avant tout la fondation des Cents Associés qui, en 1627, donne un soutien à Champlain, Québec n’étant encore d’un centre de traite où vivent une cinquantaine d’habitants. Fondée par Richelieu, la compagnie des Cents Associés est un regroupement de marchands et aristocrates dont Richelieu, en qualité de fondateur, appartient. La compagnie a pour mission de développer la Nouvelle-France. Chaque associé y investit 3000 livres comme investissement de départ. La compagnie organise les expatriations en proposant à tout homme s’engageant un contrat de 3 ans pour exploiter une terre. La compagnie a le devoir d'amener 300 colons par année. En 1634, les premières seigneuries s’établissent. Elles assurent l'encadrement économique et judiciaire des populations accentuant ainsi l’organisation de la société naissante.
Champlin meurt le jour de Noël 1635 après plus de trente ans d’un acharnement à connaître pour convaincre, convaincre pour développer, développer pour pérenniser un établissement devenue colonie et marquant ainsi l’implantation de la France au Canada. Aucune image de lui n’est connue, seule son œuvre compte et reste. Les images de lui que l’Histoire a diffusé sont factices, imaginées ou inspirées du visage d’un fonctionnaire du XVIIe siècle, aussi aucun portrait n’est présenté ici.
La traversée vers la Nouvelle-France
Se rendre en Nouvelle-France relève d’une expérience périlleuse pour les engagés du Canada.La plupart sont paysans, ils proviennent essentiellement de Normandie, d’Ile de France, de Poitou ou de Bretagne et rejoignent La Rochelle pour une traversée de deux à cinq mois. Ces hommes partent pour trois ans défricher, peupler voire coloniser l’espace s’ils décident de rester. Les paysans émigrent comme les autres composantes sociales de l’époque, bourgeois nobles et clergé.
Il faut être sûr de ne pas rater le navire, la plupart du temps un seul part par année pour le Canada. Enfin arrivés après plusieurs jours à semaines depuis la ville de départ, les futurs colons quittent le port, mais, déjà, le vent prometteur du premier jour s’efface laissant le navire, immobile, au large des côtes Françaises.
Quand enfin le vent revient, le traversée de poursuite. Il faut apprendre à vivre ensemble pour plusieurs mois. La plupart des embarqués dorment dans la cale, avec la cargaison de marchandises, notamment animale qui acompagne les engagés, porcs, cochons, poules. Sur le pont le clergé prêche le Dimanche, la vie s’organise. Les vivres sont souvent insuffisantes, le manque de vitamines déciment l’équipage, le scorbut tue lentement quand ce n’est pas une tempête qui coule le navire. Le risque du piratage est aussi à prendre. A l’arrivée, la perte s’élève souvent à 30%. L’hiver approche déjà et chacun prend la mesure de la dureté de la vie au Canada.
La colonie royale, le cadre du développement
En 1662, la colonie de Nouvelle-France reste peu développée, son peuplement atteint à peine 2500 à 3000 habitants et l’Evangélisation reste modérée. Seule la fourrure constitue une source de richesse exportable mais les massacres des Hurons par les Iroquois entre 1648 et 1652 (destruction de la Huronie) coupent la colonie de cette ressource précieuse. Louis XIV, désormais roi absolu, décide de doter la Nouvelle-France d’une administration comme toute province Française pour structurer son développement, c’est alors le début de la colonie royale.
Mise en place d’une administration royale :
Jusqu’à présent l’administration était assurée par des compagnies de commerce, désormais :
Un gouverneur est nommé, représentant le roi. Il et chargé des affaires militaires et des relations extérieures (notamment avec les Amérindiens). Il détient l’autorité sur l’armée.
Un intendant se charge des questions judiciaires et économiques. Il est responsable de l’ordre public. Le développement économique et démographique de la colonie est sa mission essentielle.
Un conseil souverain dispose du pouvoir législatif et la cour de justice. Il enregistre les édits du roi et constitue une cour d’appel.
Accélération d’un peuplement qui reste relatif :
La majorité des habitants étant des hommes, le roi envoie de jeunes femmes à marier pour augmenter les naissances. Ces « filles du roi » au nombre approximatif de 850 arrivent en Nouvelle-France de 1663 à 1673 depuis l’Ile de France, Rouen ou la Rochelle avec un trousseau, voire une dote. En 1683, le peuplement atteint 10 000 habitants et près de 90% du peuplement vient désormais des naissances et non de l’expatriation. Mais cette politique de peuplement a eu ses limites, un arrêté du roi de 1668 interdit aux Huguenots de peupler le Canada au risque qu’ils s’entendent avec l’ennemi anglais protestant au sud, dans les colonies anglaises d’Amérique. Globalement l’effort démographique n’est pas à la mesure proportionnelle pour un pays de 20 millions à l’Epoque (contre 6 en Angleterre qui elle expatrie 70 000 habitants dans les colonies Américaines). Les Antilles, autres colonies Française atteignent déjà, dans les années 1660, les 8 000 habitants contre 2500 au Canada.
De n’est qu’au XVIIIe siècle que le Canada compte environ 60 000 habitants contre près de 2 millions dans les treize colonies anglaises d’Amérique.
Réformes économiques et développement :
Jean Talon, premier intendant, se charge de réformer le système seigneurial en modifiant les attributions de terre pour optimiser la production agricole. Il tente de diversifier l’économie conscient que la fourrure seule ne peut suffire d’autant plus que le réseau est incertain depuis la disparition des Hurons. Talon tente de diversifier les activités économiques et investit dans la construction navale, développe le commerce avec les Antilles, initie une production industrielle de lin à partir duquel sont conçu en France les coiffes alors à la mode à la fin du XVIIe siècle.
Talon est confronté à l’insécurité de la colonie qui freine le développement économique. Les Iroquois font peser une menace constante. La France envoie donc en juin 1665 un régiment de 1200 hommes dont les offensives amènent à un traité de paix.
Les rapports que Jean Talon envoient à Versailles sont nourris d’une certine forme d’exagération dans les statistiques de production navale, sur le nombre des naissances ou de mariages. Toutefois son action réformatrice accompagna la transformation de la colonie, essentiellement politique car les initiatives économiques s’avèrent être des échecs. Ce personnage historique jouit encore d’une forte renommée au Québec, fruit d’une historiographie qui enjolive le personnage et son action au XIXe et XXe siècles. Quelques historiens cependant tâchent d’équilibrer l’image, c'est le cas de Marcel Trudel.
C'est au début du XVIIIe siècle, après 1713, que la colonie connaît une époque de développement économique encouragée par une période de paix jusqu’en 1744. En 1735, et pour la première fois depuis le début de la Nouvelle France une route relie Québec et Montréal le long du cordon de vie de la Nouvelle-France favorisant ainsi les échanges.
La France renforce sa position par la construction de la forteresse de Louisbourg sur l’île Royale, face à l’Atlantique, dont le développement rapide est essentiellement basé sur la pêche à la morue. La production agricole permet maintenant d’exporter les surplus aux Antilles à partir de 1720. Les cultures du lin ou du chanvre fournissent les matières premières agricoles à exporter. S’ajoute l’exportation de bois, l’exploitation du fer mais les fourrures restent encore le premier produit exporté. Une industrie de forge et un chantier naval royal sont également créés. Cependant le budget de la colonie reste essentiellement investit dans les projets militaires de défense quand ce n’est pas de Versailles, où vit le Roi, que provient les fonds. Le coût de construction de la batelerie royale de Québec est ainsi pris en charge en 1691.
La perte progressive de la Nouvelle-France
Dès l’installation de la France au Canada, le conflit avec les Anglais devient une composante récurrente de l’histoire de la Nouvelle-France. En 1629, des bateaux français sont interceptés par les frères Kirke qui assiègent Québec menacé par la famine. Les frères Kirke n'auront pas plus de chance : l'épidémie et la disette leur prennent 14 soldats lors de « leur premier hivernement ». La ville de Québec est finalement prise par les frères Kirke. Par le traité de Saint-Germain-en-Laye le 29 mars 1632, Québec est restituée à la France comme l'Acadie.
La menace anglaise vient des intérêts divergents entre les deux nations européennes nés des potentiels d’expansion économiques que permettent la colonisation naissante. La configuration géographique de l’Amérique du Nord ne peut qu’entretenir le risque de nouvelles attaques. Les colonies britanniques américaines se situent juste au dessous de la Nouvelle-France et constituent une masse vingt fois plus nombreuses au début du XVIIIe siècle et elle s'enrichit d’une économie plus libérale, moins contrainte par l’Etat, où le prêt à intérêt est permis, où la création de richesse est investie dans le développement local. De plus, le refus essuyé par les huguenots Français qui souhaitent émigrer au Canada détourne le flux migratoire vers la terre anglaise. Ce mouvement d’exportation forcée des compétences pour motif religieux contribue à affaiblir la colonie française en la privant d’acteurs économiques porteurs d’un potentiel de croissance.
Le XVIIIe siècle marque le début d’une régression progressive du Canada sous domination francophone. Le développement local, notamment économique et démographique, ne peut être le seul déterminent de l’avenir de la colonie. Les guerres des nations européennes mondialisent les enjeux stratégiques. Ce conditionnement de l’avenir des colonies par les guerres d’Europe s’exprime violemment par le traité d’Utrecht en 1713 qui met fin à la guerre de succession d’Espagne. La France cède l’Acadie, la baie d’Hudson et Terre Neuve. Cette amputation brutale crée un croissant géographique comme un étau oppressant, enfermant la Nouvelle-France pour qui le Saint Laurent reste le seul échappatoire.
Cette perte s’accompagne d’une déportation forcée des Acadiens après avoir refusé de devenir sujets Britanniques. De 1755 à 1762 environ 12 000 Acadiens, de langue Française, doivent quitter la terre qu’il ont, avec leurs ancêtres émigrés de France, contribuer à enrichir. Ce mouvement de population est connu sous le nom de « Grand dérangement » et porte un lourd souvenir dans la mémoire des francophones du Québec.
La prédominance des enjeux des nations métropoles continuent de placer le conflit Canadien dans une guerre plus large en devenant un théâtre d’opération de la guerre de Sept ans qui voit en Europe et en Inde combattrent la France,l’Autriche, l’Angleterre, la Prusse.
En 1759, les troupes du général Wolfe assiègent la ville de Québec, bombardent depuis la rive sud de la basse ville infligeant de sévères dégâts et causant des victimes civiles. En septembre, la confrontation a lieu sur les plaines d’Abraham à quelques lieux de Québec. Les Français essuient une défaite fatale qui, au delà de la mort des généraux des deux armées, Montcalm et Wolfe, scellent le sort du Canada. L’issue de la guerre amène la France à perdre une grande partie de ses colonies dont la Nouvelle–France par le traité de Paris de 1763. La révolution Américaine des années 1775-1783 qui monte jusqu’à Québec ne relancent pas pour autant la Nouvelle-France. Avec la vente de la Louisiane en 1800, l’Amérique Française s’efface.
Les groupes et communautés de Nouvelle-France
Dés l’installation de la colonie, celle-ci se peuple des acteurs sociaux de l’époque expatriés de France. La place des religieux est centrale. Plusieurs communautés se constituent répondant aux différentes missions à conduire.
Les Hospitalières :
Les Hospitalières appartiennent à l’ordre des Augustines, communauté religieuse de sœurs chargées de porter soins aux malades. Provenant de Dieppe, elles arrivent en Nouvelle-France en 1639 et tiennent ainsi dispensaires et hôtel-Dieu dont le premier prend place à Montréal en 1642. Elles offrent gratuitement les soins aux plus pauvres. L’arrivée des navires apportent les premiers malades, notamment du scorbut et les épidémies récurrentes (34 épisodes de 1639 à 1759, typhus, variole, etc) rendent la tâche ardue.
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Les Ursulines :
Les Ursulines forme une communauté religieuse de sœurs fondée en 1535 en Italie. Elles s’installent en France en 1582 et arrivèrent à Québec en 1639. Elles sont chargées de l’enseignement des jeunes filles. Elles fondent dés leur arrivée le premier monastère d’Amérique du Nord en 1639 en Basse-Ville de Québec. Situé à quelques mètres de la première habitation de Champlain, le monastère s’installe dans une maison donnée par la compagnie des Cents Associés. Elles gagnent la Ville Haute en 1642 et sont toujours actives aujourd’hui.
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Les Jésuites :
Les Jésuites portent avant tout une mission d’évangélisation. Présent en Acadie dés 1611, ils arrivent à Québec en 1625. Ils gagnent l’intérieur des terres à la rencontre des Amérindiens pour porter l’Evangile. Les missionnaires Jésuites sont confrontés à de rudes habitudes locales qu’il faut accepter pour mieux faire passer le message porté. Aussi, il arrivait que lors des fêtes amérindiennes, certains Jésuites, invités d’honneur recevaient en présent nourricier une tête de chien qu’il fallait honorer.
Mais l’Evangélisation a connu ses martyrs. En 1648, Jean de Brébeuf, Jésuite qui vit avec les Montagnais puis les Hurons depuis prés de 20 ans est fait prisonnier par les Iroquois qui, comme tout Jésuite, est considéré comme ennemi. Il est battu et torturé. Son corps marque les traces du plus ignoble saccage, membres décharné, cœur arraché et mangé. D’autres missionnaires sont assassinés par les Iroquois avec un acharnement de violence.
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Parmi les laïcs, plusieurs groupent se distinguent par leur place :
Les coureurs des bois :
Les coureurs des bois constituent un groupe spécifique, caractéristique de la Nouvellle-France au XVIIe siècle. A la fois explorateurs et commerçants, ils assuraient le lien entre la colonie et les Amérindiens dans le commerce des fourrures soit en chassant l’animal soit en cherchant les fourrures dans les villages. Leur activité libérale prouvait parfois gêner les autorités puisque certains, non sous contrat, pouvaient saturer le marché et concurrencer la compagnie des Cents Associés.
Les coureurs des bois sont très proches des populations locales, prennent leur habitude de vie, se marient avec des Amérindiennes donnant ainsi naissance à la première génération de métis. En épousant la vie Amérindienne, les coureurs des bois ne gagnaient pas l’estime des ecclésiastiques aux missions évangéliques. L’un des plus célèbres coureurs des bois est également l’un des premiers, Etienne Brûlé. Accompagnant Champlain en 1608, devenant son interprète auprès des Hurons, il finira tué par eux.
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Les seigneurs :
La gouvernance des seigneuries est assurée par les seigneurs, nobles ou anciens officiers de l’armée à qui l’administrateur principal de la colonie (l’intendant à partir de l’époque de la colonie royale) a concédé un ensemble de terres et la force de travail qui la peuple. Y vivent donc les agriculteurs et leur famille lesquels sont sous l’autorité politique et économique du seigneur. A la fois officier de justice, entrepreneur et administrateur, le seigneur peut percevoir à ses fins une partie de la valeur ajoutée produite dans la seigneurie et imposer aux travailleurs les corvées d’entretien des espaces publics comme privés.
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Au moment où l’Angleterre prend possession de la Nouvelle-France en 1760, deux siècles et demi d’implantation Française ont façonné une société désormais propre, plus tout à fait Française, déjà Canadienne. Les bientôt nommés Québécois cultivent depuis une attention aiguë portée sur la défense de leur spécificité de langue, de droit, de liberté au sein d’un état aujourd’hui fédéral où 30% de la population est francophone (30% au Nouveau-Brunswick, 85 % au Québec).
Le refus de devenir anglais, le grand dérangement, les luttes législatives, la question de l’auto détermination du Québec par la souveraineté totale par deux fois posée par référundum (1984 et 1995) forment une continuité de causes et de conséquences autour de la question identitaire.
Par exemple, en 1912, un règlement limite aux deux premières années du primaire l’enseignement du Français en Ontario. Après 15 ans de lutte la loi est abrogée. Ce combat exprime comme alimente la défense identitaire autour de l’outil essentiel du langage comme réalité la plus évidence d’appartenance culturelle. Cette réalité sensible est encore abordée par une loi fédérale, en 1969, qui proclame le Français et l’anglais comme langues officielles du Canada.