En cette année, quatre-centiéme anniversaire de la Saint-Barthélemy, il est particulièrement intéressant de se pencher sur la place de cette tragédie ou plutôt de cette série de tragédies (après le jour de la Saint-Barthélemy proprement dit, les massacres se sont prolongés durant de nombreuses semaines) dans Les Tragiques d’Agrippa d’Aubigné.
Inséparables de la question des guerres de religion, cette œuvre s’est élaborée dans une période de trente-neuf ans, de 1577 à 1616, et se faisant, elle constitue une sorte de miroir de cette période troublée, du règne de Charles IX au début du règne de Louis XIII.
Elle est motivée, nourrie, guidée par la foi protestante de son auteur, ce qui, évidemment en fait un texte polémique : Charles IX y est présenté comme un bourreau sanguinaire, un traître de la pire espèce. D’Aubigné, ainsi, le nomme, le Chasseur déloyal, anagramme de Charles de Valois, hanté qu’il est par le meurtre de Coligny, le conseiller du roi, dont l’assassinat marque le début du massacre de la Saint-Barthélemy.
Il serait d’une audace malvenue de chercher à montrer en quelques lignes comment la pensée politique et religieuse d’Agrippa d’Aubigné s’exprime dans ce texte majeur. Nous allons, et cela de façon très modeste, essayer d’esquisser dans Les Tragiques la présence de l’événement du 24 août 1572 et des terribles semaines qui ont suivi.