Clio et Calliope
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Comment reconnaître l'époque

L'art gothique est si répandu, sa vie a été si longue que les édifices du XIIe siècle ne ressemble plus guère à ceux du début du XVIe siècle. Certes l'arc brisé est une constante qui permet de définir la nature du style mais chacun peut aller plus au delà de cette simple constatation et apprendre à apprécier l'époque.

En plus des divers éléments déjà donnés dans les autres rubriques, il y a des points qui ne trompent pas pour affirmer avec certitude la date d'une cathédrale. Bien sûr, identifier une date grâce à une colonne ou à une rose ne signifie pas forcément que cette même date vaut pour toutes les pierres de la cathédrale. En effet, les cathédrales ont été construites sur un laps de temps parfois très long ou ont été modifié un ou deux siècles après leur construction. Si bien qu'une même cathédrale peut avoir des parties apparues au XIIe siècle et d'autres au XVe.

D'extérieur :

· La façade :

On peut dire que plus la façade est simple, plus elle est ancienne puisque l'évolution de l'art gothique a rendu les sculptures et les éléments d'architecture de plus en plus décorés. Ainsi la façade de la cathédrale de Laon ne ressemble plus à celle de Reims, il n'y a qu'un siècle d'écart mais un siècle qui a suffit à marquer la différence. D'un côté l'arc roman est encore présent dans les fenêtres en arc en plein cintre, de l'autre l'arc brisé domine partout et est davantage sculpté. Cette apport de l'art roman dans les premiers édifices se retrouve dans la rose centrale qui donne aussi une date fiable et précise. Dans les premières décennies du gothique, la rose est entourée d'un arc roman qui s'efface dès le XIIIe siècle derrière un arc brisé.


D'intérieur :

· Les piliers :

Rien n'évoque plus un siècle que les piliers soutenant le poids de l'édifice. En un simple et rapide coup d'œil, chacun peut reconnaître l'époque avec une marge d'erreur très faible tant la différence entre les siècles est nette. Ces cinq piliers sont classés chronologiquement du plus ancien au plus récent.


XIIe siècle

XIIIe siècle

XIVe siècle

XVe siècle

XVIe siècle

Au XIIe siècle, l'influence de l'art roman est nette. Le corps est monocylindrique et le chapiteau est décoré de motifs végétaux comme ce que l'on trouve fréquemment dans toute église romane.

Au XIIIe siècle, la différence est déjà plus marquée. La forme n'est plus monocylindrique : autour du pilier principal viennent s'ajouter des colonnettes dont le nombre est variable. Les chapiteaux peuvent encore avoir une décoration végétale et leur partie supérieure est toujours carrée.

Le XIVe siècle marque la multiplication des colonnettes dont le nombre est égal à celui des arcs de voûtes qui viennent se prolonger en elles. La partie haute des chapiteaux est octogonale et a perdu son rôle de support pour ne garder que celui de décoration.

Au XVe siècle, l'évolution des chapiteaux du siècle dernier fait qu'il ne sont plus utiles et disparaissent. Les arcs des voûtes viennent directement s'imbriquer dans le pilier qui regagne une forme cylindrique.

Le XVIe siècle retrouve des chapiteaux décoratifs et le pilier devient volumineux. Il est composé de trois colonnettes reliées entre elles par des courbes qui ont donné à ce type de piliers le nom de piliers à ondulations.

· Les fenêtres et les vitraux :

Pour cet aspect également, plus les fenêtres semblent détaillées, plus elles sont récentes. Dans un premier temps, si elles ne sont pas composées d'un arc en plein cintre et donc d'inspiration romane, elles sont rarement pourvues dans leur partie supérieure d'un occulus (partie haute d'une fenêtre se rapprochant par sa forme d'un œil de bœuf). Celui-ci ne viendra qu'au XIIIe siècle et se détaillera en fioritures par la suite. Remarquez alors la différence entre les deux schémas de fenêtres, l'une est plutôt géométrique dans ses décors avec un occulus tandis que la seconde à une décoration plus désordonnée, c'est le gothique flamboyant.

Quant aux vitraux, il faut être attentif aux couleurs. Le XIIe siècle voit la dominance des couleurs bleu et rouge pour une représentation souvent limitée dans des panneaux ronds ou carrés. Comme l'exemple le montre, les scènes sont souvent de grands événements religieux comme ici la Passion du Christ (à gauche), mais les destructions et divers remplacements ont engendré une rareté des vitraux de cette époque (50% de nos vitraux datent du XVIe siècle).
La couleur explose au siècle suivant avec l'apport d'autres teintes telles le jaune, le vert ou le bleu foncé. C'est l'époque de l'âge d'or du gothique, les maîtres vitriers répondent à l'exigence de lumière voulue par l'art gothique en composant leurs vitraux de telle manière qu'ils créent un jeu de lumière variable selon les moments de la journée. Après un siècle de répit dû aux difficultés diverses, le XVe assiste à la renaissance d'une couleur plus douce avec en plus une nette amélioration dans le traitement des visages (à droite) si bien que certains comparent même les vitraux avec les peintures de l'époque.