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Les croisades de St-Louis

L'engagement d'un roi

La relative stabilité politique, assurée par le traité de Jaffa et les autres manœuvres diplomatiques, va être bouleversé en 1244 lors de la prise de Jérusalem par les forces musulmanes, suite à un conflit d'influence entre Arabes. La réaction de la Papauté est bien sûr immédiate et un nouvel appel à la croisade (la septième) est lancé en 1245 lors du concile de Lyon. Au regard de la perte de motivation religieuse pour les croisades, nettement ressentie dans l'ensemble de l'Occident depuis le début du XIIIe siècle, et concrétisée par le sac de Constantinople en 1204, cette nouvelle croisade aurait pu essuyer un net refus. Or, c'est une réponse positive qu'elle reçoit de la part du puissant et aimé roi de France, Saint-Louis, qui prépare minutieusement son expédition pendant trois ans (embarquement de St-Louis, représentation du XVe siècle). Cette préparation n'engendra cependant pas le succès escompté et cette croisade ressemble étonnamment à la cinquième. L'objectif est le même : l'Egypte. L'expédition commence d'ailleurs de la même façon, par la prise du port de Damiette, en 1249, et se poursuit par l'échec de la prise de l'Egypte. Saint-Louis n'ira pas plus loin. Vaincu à Mansourah en Egypte (voir illustration à gauche représentant cette défaite), il est fait prisonnier en 1250 pour deux ans et la nouvelle de sa capture engage un mouvement de contestation populaire en France. Sa libération est négociée contre la restitution de Damiette, même condition qu'en 1221, lorsque les seigneurs croisés avaient échoué devant le Caire.

L'une des raisons qui engagea la multiplicité des croisades est l'instabilité politique constante de la région. C'est à la suite d'une querelle politique entre Arabes que Saint-Louis avait tenté une expédition et c'est suite à une autre instabilité qu'il engage sa seconde expédition. En effet, à partir de 1258, les forces mongoles envahissent l'Asie occidentale, s'emparent de l'Irak, de la Syrie, de l'Anatolie provoquant une guerre qui aboutit à la chute des villes contrôlées par les Occidentaux. Ce sera la raison d'une huitième croisade.

Annoncée en 1267, elle commence trois ans plus tard et est menée de nouveau par Saint-Louis pour des raisons aujourd'hui encore discutées. Volonté religieuse ou désir personnel de ne pas rester sur un échec, le roi de France poursuit son œuvre. Car il s'agit davantage de son œuvre que de celle d'une noblesse française dont le soutien est peu enthousiaste et qui ne se passionne décidément plus pour le concept de la croisade. Mais la mort du roi suite à la peste survenue à Carthage à peine deux mois après son départ, l'empêche d'achever son entreprise. Avec la mort de Saint-Louis, c'est le dernier représentant de valeur relayant la voix de la Papauté qui meurt. La fin définitive des croisades s'annonce, bien qu'une neuvième soit menée en 1270 par les Argonais puis les Anglais, sans résultat notable. La neuvième croisade est un ultime effort menant jusqu'à Acre, en Galilée, mais rien n'empêche les Mamelouks d'Egypte de faire tomber une à une les dernières possessions latines jusqu'en 1291, date de la chute de Saint-Jean d'Acre (représentation de droite).



Les croisades, quel résultat?

Après près de deux siècles de croisades, le bilan n'est pas positif, l'agression contre l'Islam a ravivé le concept de Djihad, cette Guerre Sainte que le monde arabe clame encore aujourd'hui contre les Occidentaux, qui pour certains Musulmans représentent les héritiers des croisés. Un concept de Djihad qui s'affirme des siècles durant par la conquête d'une partie de l'Europe, la Grèce d'abord, la Bulgarie, Roumanie et pour laquelle la chute de Constantinople en 1453 par les Turcs marque un point fort. L'invasion musulmane, une sorte de retour des croisades, n'est arrêtée devant Vienne qu'à la fin du XVIIe siècle, soit quatre siècles après la dernière croisade.

Si, sur un plan militaire, les croisades n'ont pas abouti à une constitution durable, elles démontrent cependant la prise de conscience d'appartenir à une communauté religieuse européenne, la Chrétienté, comme l'élément le plus marquant de l'unité occidentale. Les grands gagnants des croisades ne sont ni les souverains ni les pays participants mais, d'un côté, le Pape qui affermit son pouvoir, et de l'autre les cités commerciales italiennes, qui ont trouvé de nouveaux débouchés constituant la base d'une puissance qui n'aura de cesse de croître jusqu'au début du XVIe siècle.

Sur un plan culturel, les croisades, par le contact avec les Arabes et Constantinople, ont permis le développement d'une littérature chevaleresque en langue vulgaire et d'une architecture s'inspirant des palais byzantins.

Mais la perception négative des croisades passe les siècles. Aujourd'hui, que ce soit en Irak ou en Palestine, en Afghanistan ou en Egypte, le nom de Saladin réveille une gloire passée, ranime le souvenir de l'agression et donne au Djihad une force supplémentaire dans laquelle l'amalgame entre Américains et Français, croisades médiévales et guerres modernes est rapidement fait.