Aux XIVe et XVe siècles, les châteaux gagnent en complexité et en efficacité défensive. Les ponts levis remplacent les ponts dormants ce qui évite de donner aux assaillants le moyen d’arriver aux portes du château si le pont n’était pas détruit. Le fonctionnement d’un pont-levis nécessite de petites ouvertures étroites et verticales,sur l'image de gauche, qui abritent les bras du pont-levis d’où étaient accrochés des chaînes qui permettaient de soulever le pont rapidement. La porte, endroit sensible, voyait sa défense parfois accentuée par l’implantation de petites tours d’angles sans contact avec le sol, les échauguettes, à droite. Le XIVe siècle voit la généralisation des mâchicoulis, apparus au siècle précédent, qui remplacent définitivement les hourds. Ayant la même fonction que les hourds, les mâchicoulis ont l’avantage d’être construits en pierre et d’être plus rapprochés du chemin de ronde. Les deux photographies en montrent un aspect. Les assiégés pouvaient y jeter des pierres ou d’autres ustensiles de défense comme de l’huile bouillante, efficace mais rare car très chère.
A côté du schéma classique de défense, chaque seigneur ou chaque municipalité pouvait rajouter tel ou tel système de défense selon son bon vouloir si les finances le permettaient. C’est ainsi que l’on trouve parfois un système défensif de première ligne appelé barbacane. Servant de poste avancé, de poste d’observation, il constitue la première porte et la première défense du site. Plus particulier aux châteaux, la fin du Moyen-âge voit une réduction de sa superficie pour mieux réduire la surface à défendre. La multiplicité des tours laisse place à quatre tours d’angle, les murs gagnent en épaisseur, autant d’éléments qui occultent un peu le caractère résidentiel du site. Le château du Sarzay dans le Berry ici à gauche, construit au XVe siècle, est l’aboutissement de cette techn
ique du château trapu alors qu'au même moment fleurissait ce quatroccento, cette renaissance italienne, loin des constructions médiévales exiguës .
Le XVe siècle marque la fin des châteaux médiévaux et par extension la fin de l‘époque médiévale. La généralisation de la poudre et du canon apparus au XIVe siècle engendre une modernisation des outils de siège par l’apport des canons à la capacité destructrice bien plus importante que les trébuchets. Bien que certains châteaux s’adaptent à ce nouveau mode d’assaut en ajoutant des canonnières aux murs (à droite) ou en transformant certaines meurtrières en canonnières, l’apparition de la poudre puis sa généralisation met un coup de frein à la mode des châteaux médiévaux, symboles d’une défense locale assurée par un pouvoir local. De plus sous le règne de Louis XI (1461-1483) et sous l’impulsion de la guerre de cent ans qui a perdure, une armée de métier permanente est mise
en place et un impôt, la taille, est créé afin d’entretenir cette armée. Ainsi la défense du pays se voit être assurée non plus par les grands seigneurs locaux mais par une armée royale d'état.
Après cinq siècles d’évolution qui ont transformé le château en forteresse, qui ont répondu au besoin permanent de se protéger, ces édifices sont abandonnés par les hommes qui, ou les adaptent ou construisent une nouvelle résidence à l’image d’une mode italienne qui ouvre une nouvelle époque, plus lumineuse, une époque qui relègue dans les reliques de l’histoire les sombres et austères châteaux médiévaux : la Renaissance. Confronté à ce passé témoin d’une époque longtemps méprisée, devant un tel patrimoine culturel, à chacun sa réflexion, fier ou indifférent de ce qui est bien plus qu’un simple agencement de pierres, les vestiges médiévaux restent un formidable témoin de notre culture.