Clio et Calliope
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La premiere guerre mondiale, une guerre moderne

Censure, pressions économiques et diplomatiques 

Peu à peu, des voix critiques s’élèvent. Le temps de "l'Union Sacrée" de 1914 où les sensibilités politiques se sont unies momentanément pour la cause nationale est loin. Les gouvernements sont accusés d'incapacité à résoudre le conflit, élément révélateur d’une inquiétude.

La diffusion d'une contestation et d'une volonté pacifiste issue de la lassitude engagent une partie des populations des pays belligérants à souhaiter la paix. Alors, afin de préserver un espoir de victoire, les gouvernements entretiennent tout au long du conflit un système de censure. Les nouvelles officielles, que l’on peut lire dans les journaux, ne reflètent parfois qu’une maigre part de vérité. La moindre victoire est une grande gloire, la moindre défaite passée sous silence et l’ennemi est constamment décrit avec un barbarisme inouï. Il faut conserver dans les esprits le courage et la confiance nécessaires à la victoire. Laisser l’information sans contrôle, c’est prendre un risque grave, laisser le peuple sous l’influence d’idées dangereuses pour l’époque (pacifisme, révolution), c’est faire naître une situation qui peut nuire au pays et profiter à l'ennemi. La censure passe par le filtrage des lettres des soldats, les mieux placés pour décrire la réalité de la guerre. Tout propos contraire à la politique de l’Etat n’arrivera pas à destination, toute volonté pacifiste ou toute description horrifiée des souffrances quotidiennes sont réduites au silence. Cette photo a été interdite par la censure, elle ne sera diffusée que longtemps après la guerre à cause de l'impact psychologique qu'elle aurait pu provoquer.

Devant l'impossibilité de percer le front militairement, chaque gouvernement tente de modifier le rapport de forces en adoptant une politique d’usure visant à épuiser l’adversaire. Première mesure : le blocus commercial contre l’Allemagne. Chaque belligérant encourage les pays jusque-là neutres à entrer dans le conflit en leur promettant des avantages territoriaux. C’est alors que l’Italie brise la neutralité en mai 1915 et se joint non pas aux pays centraux avec lesquels elle était alliée mais à ceux de l’entente qui lui promet une extension géographique à l’est. Quant à l’Allemagne, elle fait pression sur la Roumanie qui s’engage à ses côtés en 1916 tous dans l’espoir d’obtenir un avantage territorial

Les nouvelles armes 

La guerre de 1914 a été particulièrement meurtrière, ce qui la rend singulièrement terrifiante. Il est difficile de s’imaginer aujourd’hui quel pouvait être le niveau d’horreur et le degré de torture psychologique que ces millions de soldats ont subi pendant quatre ans. La guerre dans les tranchées amène à une modernisation de l’armement et des techniques de combat, le tir à distance laisse place au corps à corps, le fusil est remplacé par la baïonnette, la grenade à main ou la pelle à défaut d'autre chose. On saute d’un trou d’obus à un autre sous les feux des mitraillettes dans un univers gris et macabre où les cadavres s’enlisent un peu plus à chaque obus qui s'écrase.

Au printemps 1915, une nouvelle arme est utilisée pour la première fois par les Allemands, en Belgique, à Ypres : le gaz. L’obus, en touchant le sol, libère un gaz toxique qui provoque la mort dans les vingt secondes pour celui qui l’inhale (voir image ci-joint). L’année suivante, l’apparition des lance-flammes permet d’atteindre un plus haut degré dans l’horreur. L’aviation, limitée à un simple rôle d’observation en 1914 engage le combat et le bombardement aérien. En 1916 apparaît timidement le char d’assaut qui se généralisera ensuite. Les soldats ont en plus à vivre dans une angoisse permanente de la mort qui peut faucher au hasard à chaque sifflement de balles ou d’obus même au-delà de la première ligne. Les conditions de vie dans les tranchées sont déplorables, la boue envahissante, le ravitaillement incertain .

Le front n’est plus le seul objectif militaire et l’épuisement de la population devient un moyen d'approcher la victoire. Plus le temps passe et plus le moral de la population devient décisif dans le règlement du conflit. Alors chaque camp tente d’asphyxier et de réduire l’autre. La grosse artillerie et l’aviation bombarde à plus de 20Km les villes de l’arrière. Paris est alors bombardée part la " grosse Bertha ", artillerie lourde placée en forêt de Compiègne. Les traces du bombardement allemand de janvier 1918 sont encore visibles boulevard Saint Michel sur les murs de l’école des Mines de Paris. Quant aux alliés, ils achètent une partie des excédants des marchandises destinées à l’Allemagne et saisissent les convois neutres à destination de tout pays.

L’Allemagne répond dès 1915 par une guerre sous marine. Une autre arme nouvelle qui coule tout navire de ravitaillement, qu’il soit neutre ou non. A long terme, les belligérants espèrent user les ressources des ennemis et propager dans la population un sentiment défaitiste. D’un autre côté l’économie des pays en guerre se tourne vers une production essentiellement militaire, les usines d’armement tournent à plein régime grâce aux femmes qui remplacent les hommes partis au combat: ce sont les "munitionnettes". La population est sollicitée pour des emprunts qui servent à financer l’effort de guerre et une propagande d'affichage est lancée, voir ci-joint.

Verdun 

L’exemple militaire le plus significatif de cette volonté d’épuiser l’adversaire est incontestablement la bataille de Verdun. Le plan d’attaque prévoit d’encercler les Français et de saper leur moral par une victoire écrasante que l’état major allemand espère décisive. A l’aube du lundi 21 février 1916 s’engage une bataille qui va durer toute l’année et mettre en jeu de formidables moyens humains et matériels. L’artillerie pilonne les positions françaises afin de réduire la résistance et les divisions allemandes déferlent dans les tranchées. Le 25, les Français doivent se replier. Mais, devant cette percée, les Allemands doivent déplacer leur artillerie, pièce maîtresse de leur stratégie offensive afin de poursuivre l’avancée. L’offensive ne peut reprendre que le 27, deux jours qui ont suffit aux Français pour organiser la défense dans laquelle va s’illustrer un général encore peu connu, Pétain. Le front résiste en mars et avril, le grand nombre d’hommes disponibles du côté français permet un relèvement des troupes efficace qui évite l’épuisement. Une série d’offensives et de contre-offensives (photo de droite) ne fait pas évoluer la situation malgré la prise par les Allemands de quelques forts stratégiques. Au début de l’été, les Russes reprennent le combat tandis que les alliés attaquent dans la Somme. L’armée allemande doit alors relâcher sa pression sur Verdun si elle veut préserver le front: Verdun est sauvé. En décembre les forts occupés par les Allemands sont repris, la bataille s’achève. Il n’est pas possible de parler de victoire militaire pour un camp ou pour un autre, les pertes sont importantes, 700 000 hommes sont morts sur ce champ de bataille dévasté. Par contre, moralement, Verdun est une victoire française, l’état major allemand n’ayant pas réussi à " saigner à blanc " la France. Verdun reste aujourd’hui dans les mémoires comme l’une des batailles des plus sanglantes du XXe siècle, comme le symbole d’une r&eacut e;sistance acharnée. Une résistance que l’année suivante, 1917, va mettre à mal, une année charnière qui cumule plusieurs événements majeurs qui vont bouleverser les prévisions militaires.