La contre-attaque de Mortain
Si la progression des mois de juin et juillet a été difficile, le mois d'août voit cependant la résistance allemande dépérir après la réussite de l'opération Cobra. L'avancée des alliés est maintenant inéluctable, un a un les villages tombent. Mais en ce jour du 7 août 1944, les Américains sont surpris par une contre-attaque Allemande. Entrées dans Mortain, les troupes Américaines subissent au matin du 7août l'offensive de blindés visant à couper les lignes alliées de leur ravitaillement sur trente kilomètres jusqu'au mont Saint-Michel, c'est l'opération Lüttich. Les Allemands réinvestissent la ville un temps mais dans l'après midi, le brouillard s'étant levé, l'aviation reprend le dessus, 150 tanks sont détruits. C'est notamment au travers de la réduction de la contre offensive Allemande de Mortain que l'on mesure toute la portée et l'importance stratégique de l'aviation comme élément clé de la réussite de la libération.
La poche de Falaise
La contre-offensive de Mortain a nécessité l'envoi massif de forces Allemandes vers l'ouest, situation que les stratèges alliés vont utiliser pour accélérer l'issu de la bataille par une manœuvre d'encerclement. Le front se resserre autour de la ville de Falaise, entre la prise d'Alençon par la 2e division blindée française et le XVe corps Américain, qui, venant du sud pour rejoindre au nord les unités Canadiennes et Britanniques, effectue un mouvement de pivotement. 150 000 Allemands sont menacés d'encerclement. Dès le 14 août s'engage une course vers la Seine, entre Argentan et Falaise, seule direction de sauvegarde avant la fermeture du goulot d'étranglement. Les blindés tentent de passer tandis que l'infanterie est laissée à elle-même. Les Polonais se joignent à l'offensive diminuant ainsi l'étroit couloir de fuite. Le 21 août, la poche de Falaise est définitivement fermée, si environ 100 000 Allemands ont pu fuir, plusieurs dizaines de milliers subissent le matraquage incessant de l'artillerie et des bombardements. C'est un véritable carnage, 6000 Allemands y laissent leur vie tandis que les restes d'une armée démoralisée tentent tant bien que mal de traverser la Seine comme elle peut, parfois à la nage. La poche de Falaise marque le dernier acte de la bataille de Normandie. L'armée allemande est en déroute, incapable de se réorganiser, elle fuit vers l'est et les routes sont jonchés de carcasses de chars (photo ci-jointe) et de cadavres. A la fin du mois d'août, seule la ville du Havre, avec une garnison de 11000 hommes résiste jusqu'au 12 septembre. A cette date, Bruxelles, Paris ou Dijon sont déjà libérées.
Le débarquement en Provence
L'état major allié avait prévu un second débarquement dans le sud-est de la France pour assurer la jonction avec les troupes débarquées en Normandie en passant par la vallée du Rhône pour libérer Lyon et faire tomber le gouvernement de Vichy : c'est l'opération Anvril. L'autre intérêt stratégique d'un tel débarquement est qu'il oblige les forces Allemandes situées dans le quart sud-ouest de la France de remonter vers le Nord pour éviter un encerclement. En cas de succès de l'opération, la retraite sera totale et cette partie de la France se libèrera sans grands combats d'importance. La retraite n'est cependant pas sans cruauté, le massacre d'Oradour sur Glane en est le symbole.
La région entre Marseille et Toulon est bombardée depuis le 28 avril 1944. Dans la nuit du 15 août, la zone du débarquement est préparée par les bombardements et les parachutistes, pareillement au débarquement normand. L'armada part de Corse et d'Italie pour se positionner près de Toulon, port stratégique à prendre. La résistance est bien plus faible en Provence, on ne déplore que 320 tués le jour du débarquement, rien à voir avec les pertes des 6 et 7 juin. Les alliés progressent vite bien que les poches de résistance de Saint Raphaël ou Marseille retardent un temps le déploiement des forces. Le 23 août les alliés investissent Toulon. Les Allemands retranchés dans la ville se rendent le 28. Ce même jour, la capitulation Allemande dans Marseille est signée. A la différence du débarquement normand, celui de Provence voit une forte implication des forces françaises qui jouent un rôle majeur dans la libération des villes et constituent près des 2/3 des forces engagées. La réussite de ce débarquement permet aux alliés de foncer vers le Nord plus vite que prévu ce qui accélère la libération du pays autant qu'elle complique la tâche des armées d'occupation.
La libération de Paris
Avec la victoire de la bataille de Normandie, la route de Paris est ouverte. Mais les alliés n'envisagent pas de libérer immédiatement la ville. Les troupes passent à Mantes la Jolie et Melun, soit au nord et sud de la Capitale. Mais dans Paris, le colonel Rol-Tanguy, qui commande les groupes armés FFI et qui refuse d'être libéré par les Américains, lance l'insurrection le 19 août 1944. Pendant six jours, les barricades s'érigent, les maisons sont occupées et la résistance attaque les convois allemands de passage. La police et les agents SNCF sont en grève, la ville est paralysée. De Gaulle n'accepte pas non plus que la libération de Paris soit le monopole américain, cet honneur revient aux troupes françaises. Différents intervenants et la menace de De Gaulle de donner l'ordre de marcher sur Paris malgré tout fait accepter à Eisenhower, commandant en chef des armées de libération, la marche sur Paris par la 2e division blindée du général Leclerc.
Le 24 août les forces françaises sont aux abords de la ville mais la résistance allemande empêche d'y entrer. C'est en passant par un raccourci amenant à la porte de Gentilly que trois chars et un peloton de fantassin y entrent et se stationnent devant l'hôtel de ville. L'annonce de l'entrée dans Paris se répand, les combats se multiplient et les rues gardent le souvenir de ces hommes et femmes morts pour la libération notamment au travers des plaques commémoratives de marbre posées aux murs le long des rues. Le 25 août, Von Choltitz, gouverneur de Paris, accepte de capituler, il n'a pas obéi à Hitler qui exigeait la destruction complète des monuments parisiens en cas de chute de la ville. Le lendemain De Gaulle descend ces mêmes Champs-Élysées que l'occupant avait descendu en fanfare un jour d'été 1940. A la fin de l'été 1944, la bataille de Normandie aura fait plus de 110 000 morts, civils comme militaires.