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Le mur de l'atlantique

Hitler craignait un débarquement qui, stratégiquement, serait menaçant puisqu'il ouvrirait un second front à l'Ouest alors même que l'Allemagne ne parvenait pas à réduire la résistance soviétique à l'est. Le front de l'est demandait un effort constant d'approvisionnement d'hommes et de matériel. En souvenir de la première guerre mondiale, Hitler savait que se battre sur deux fronts oblige à diviser les forces et réduit la puissance d'une nation prise en tenaille.

Pour éviter une telle situation, les dirigeants nazis lancent le projet AtlantikWall qui prévoit de fortifier 4000Km de côtes de la Norvège au sud de la France. N'ayant pas pu envahir l'Angleterre pendant l'été et l'automne 1940 en perdant la bataille de l'Atlantique, l'Allemagne passe sur la défensive en attendant une autre opportunité d'invasion, qui n'arrivera jamais. Par ailleurs l'entrée en guerre des USA en décembre 1941 confirme la nécessité de dresser une protection infranchissable face à l'océan.

Le projet est confié à Fritz Todt, ingénieur allemand, inspecteur des routes du Reich. Il dirige l'organisation Todt dont la charge est de fortifier les frontières allemandes (ligne Sigfried notamment). Le projet est si ambitieux qu'il est impossible à achever complètement. Le projet débutant au printemps 1942, toutes les côtes ne sont pas suffisamment fortifiées au jour du 6 juin 1944, notamment en Normandie, et c'est d'ailleurs l'une des raisons qui engagera l'état major allié à lancer l'offensive à cet endroit. Bien malgré elle, la France contribua à construire le " mur " puisque les Allemands font appel à la main d'œuvre française contrainte de travailler pour l'ennemi et désarment les canons de la ligne Maginot pour les installer sur les batteries du mur de l'Atlantique. Ce qui avait été conçu pour se protéger des Allemands sert désormais leur cause.

De la Bretagne aux Pays Bas se trouve la zone du mur de l'Atlantique qui bénéficie de la plus grande puissance de feu, proximité avec les côtés alliées oblige. Des pièces d'artillerie lourde destinées à écarter de potentiels navires sont installées au Havre, à Cherbourg, à Etretat ou à Calais. Leur puissance de feu est telle que les Allemands ont la possibilité de bombarder les côtes anglaises. La préservation des batteries de Longues sur Mer permet de se donner une idée du dispositif défensif allemand. Autres constructions du mur de l'Atlantique, le bunker " tobrouck " est composé d'une salle enterrée et d'une partie plus en hauteur où l'on peut installer un canon de 50 mm, une mitrailleuse ou un lance flamme. Construit seul ou attaché à un bunker plus important, c'est la construction renforcée la plus simple. A ces batteries lourdes s'ajoute un grand nombre de nids de mitrailleuses ou d'artillerie plus légère mais la configuration du mur de l'Atlantique est surtout faite pour engager un duel avec la marine et à stopper une attaque d'intensité moyenne sur les plages. Aucune défense à l'intérieur des terres ne pouvait compléter les défenses côtières en cas d'attaque massive.

En plus de ce dispositif bétonné, les allemands installent sur les plages une série de structures défensives pour les rendre impropres au débarquement. Chacune s'adapte aux différents éléments susceptibles de composer ce débarquement. Des obstacles empêchent les chalands d'approcher (pieu où une mine est attachée sur sa partie supérieure ou porte belge). Plus proche du rivage, des pièces bétonnées ou métalliques destinées à empêcher la progression des blindés (hérissons tchèques, dents de dragon) sont installés en grand nombre. Enfin des fossés anti-char et des barbelés complètent le dispositif. A marée haute, l'essentiel n'est pas visible. Un réseau de radars est installé pour prévenir toutes attaques aériennes.

Rommel, ancien commandant de l'Afrika Korps en 1942, est désigné en janvier 1944 pour prendre en charge la défense de la Normandie. Conscient des lacunes défensives du mur, il inspecte en mai 1944 les installations (photo ci-jointe) et les fait renforcer. Il augmente le nombre de défenses déjà présentes et fait installer des champs de mines aux alentours des plages (3 millions de mines seront placées à la place des 7 prévus initialement). Dans les champs, il fait poser des pieux hérissés reliés entre eux pour empêcher le parachutage ou l'atterrissage de planeurs. Autant de mesures qui prennent en compte la situation d'un débarquement massif que l'artillerie ou les mitrailleuses ne permettraient pas d'arrêter. En juin 1944 le mur de l'Atlantique est loin de ressembler à cette barrière infranchissable que la propagande vante.

Suite : la préparation alliée