S’il y a un lieu qui marque le plus l’acharnement au combat et la boucherie qui en résulte, c’est bien
, après Verdun, le Chemin des Dames. Haut lieu de la mémoire du premier conflit mondial, ce site mérite
un détour. Situé entre Soissons et Laon, il renferme sur 20 km des grottes, des forêts et le souvenir
d’une bataille meurtrière :
En 1917, le général Nivelle
est encore persuadé que l’attaque de masse mènera à la
victoire tant attendue depuis trois années. Il faut alors frapper au plus fort dans le moral allemand, comme ces
derniers ont voulu le faire à Verdun ! Le chemin des Dames, véritable forteresse, est la cible
privilégiée. Pendant six semaines, de début avril à la mi mai, des vagues successives d’assaut
tentent de reprendre ce site. Un mois de boucherie qui aboutit à plus de 270 000 victimes. Rien que pendant le premier
assaut, 40 000 Français tombent sous le feu nourri des mitrailleuses allemandes. Nivelle s’acharne, pourtant il est
vrai que l’attaque était mal préparée. Malgré un fort soutien d’artillerie et la première
participation de chars, l’attaque n’avait rien d’une surprise. Les Allemands avaient appris par des prisonniers
l’émergence de l’attaque contre leur site et avaient naturellement considérablement amélioré la
résistance en plaçant davantage de mitrailleuses auxquelles s’ajoutaient des souterrains (dont on voit ici une entrée), servant de protection
et de moyen de déplacement.
Suite à cet échec cuisant pour la France, Nivelle est limogé pour laisser place à
Pétain
qui doit alors affronter une vague importante de mutineries dans l’armée, due en grande partie à cet
acharnement de l’état major. Pétain rétablit l’ordre par un savant mélange d’autorité et
de compréhension et reprend même une partie du Chemin des Dames en octobre. Cette bataille mal commencée
s’achève sur une victoire, maigre il est vrai par rapport aux espérances premières, mais l’espoir et le
moral reviennent dans l’armée, c’est là la principale victoire.
|