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La peinture sur vase en Grèce : la figure rouge

Le principe de cette technique repose sur l'opposé de celui de la figure noire : le peintre représente les personnages en clair et le fond est vernissé de noir. Cette invention va considérablement améliorer le réalisme de la peinture décorative sur vase et va permettre à Athènes d'acquérir une renommée sans égal au sein du monde grec, puisque ses vases seront diffusés au-delà de la Grèce continentale, jusqu’aux Grecs d’Italie du sud et chez les Etrusques du nord. Les premiers peintres adoptant cette technique sont influencés par le même courant d’inspiration et de conception. La figure rouge possède des caractéristiques qui la différencient fortement de la figure noire. Elle introduit des améliorations importantes qui permettent de pousser plus loin les limites expressives de cette peinture attique. Ainsi, le fait de laisser la couleur claire en figure simplifie la peinture puisqu’il n’est plus nécessaire d’employer des rehauts de couleurs. De plus, les incisions sont remplacées par le dessin au trait, un pinceau fin, plus souple et qui peut marquer l’expression des visages et le détail de la musculature avec plus de précision : le peintre n'est plus graveur. C’est toute une recherche de perfection tant dans le dessin que dans le façonnement même du vase que l’on observe à la fin du VIe siècle à Athènes. La supériorité de la peinture à figure rouge a découragé toute concurrence. Parmi les grands peintres athéniens à figures rouges, le premier à présenter est bien sûr celui qui inventa cette nouvelle technique. Il s’agit d’Andokidés, le premier praticien connu des figures rouges, en activité de 530 à 515 environ.

Formé initialement à la figure noire, Andokidés marque la transition entre les deux techniques à travers la réalisation de peintures bilingues, c'est-à-dire dont une face est peinte sur fond noir et l'autre sur fond rouge. C’est ainsi qu’il reprend la scène d’Exékias, commentée au-dessus en appliquant la figure rouge. L’inspiration de cette peinture se diversifie puisqu’elle ne se concentre plus uniquement sur la mythologie. Les scènes de la vie courante, de palestre ou banquet joyeux sont d’autres sources artistiques. Le choix de telles scènes n’est pas anodin et l’artiste voulait peut-être transposer sur le vase un idéal athlétique, viril qui se manifeste par la présence de jeunes athlètes en exercice. Le détail de droite d'un vase du peintre Cléomélos d'environ 510 montre un jeune grec en exercice physique. Cet idéal viril, cette force physique brute qui met en lumière la beauté d’un corps humain s'illustre sans doute bien plus avec Euphronios qui privilégie le rendu anatomique comme s’il avait étudié profondément l’anatomie avant de peindre. Il ne s’agit pas d’une juxtaposition d’éléments anatomiques mais le travail vise à donner une impression d’ensemble, à donner vie au corps, à rendre compte des mouvements dans l’espace, à traduire l’expression des visages.

Le cratère où Héraclès lutte contre le géant Antée,présent ci-contre et conservé au Louvre est une création novatrice d'Euphronios. La scène représente la fin du combat où le géant halète. La chevelure régulière et soignée d’Héraclès contraste avec celle d’Antée, qui elle, est ébouriffée. Ce contraste est accentué par un autre qui tient à l’expression des visages des deux protagonistes. Celui d’Héraclès est impassible comme insensible devant l’effort alors que celui d’Antée est tendu, les sourcils contractés, la bouche entrouverte ce qui traduit non seulement la fatigue engendrée par un tel combat, mais également l'agonie qui en est issue.


La figure rouge a de longues heures de gloire devant elle, et tout le Ve siècle sera celui de son épanouissement qui donne à la peinture sur vases ses lettres de noblesse. Il aura fallu cinq siècles de recherche avant d’arriver à un tel degré d’expressivité, à un tel niveau de représentation du monde réel comme de l’univers mythologique. Au cours du IVe siècle, la peinture donne encore de belles réalisations mais elle tombe rapidement dans l’oubli, victime de son incapacité à évoluer de nouveau. Durant l’époque hellénistique, qui commence à la fin du IVe siècle, la peinture ne plaît plus autant, elle se perd et ne sera redécouverte que vingt siècles plus tard.