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La peinture sur vase en Grèce : l'art géométrique

Avec l’art orientalisant, l’art grec rentre dans une époque intermédiaire entre le géométrique et la période classique, il s’agit de l’art archaïque qui s’étend de 720 à 480. Entre la reprise du commerce méditerranéen et le développement de la colonisation grecque, la civilisation grecque connaît un essor par l’échange culturel et commercial entre les civilisations de la mer intérieure. Des vases égyptiens se retrouvent dans les ports grecs et les artistes découvrent de nouveaux décors, de nouvelles teintes qu’ils imitent. L’influence orientale commence au VIIIe siècle surtout dans les arts mineurs (orfèvrerie, ivoirie) mais ne s’impose véritablement qu’à la fin du siècle. Deux ateliers se concurrencent alors, Athènes qui déjà connaît un relatif prestige acquis avec l’art géométrique et Cor inthe qui se développe.

A Athènes, les motifs orientaux viennent s'insérer dans le contexte grec. Des lors, on trouve fréquemment des animaux orientaux, un sphinx ou une scène relatant la chasse aux lions. Cette loutrophore conservée au Louvre est l'un des plus beaux exemples de cet art orientalisant. Datée d’environ 700, elle servait à transporter le liquide qui laverait le mort. Le peintre, dont on connaît le nom, Anatalos, a donné ici une certaine consistance à l'homme, les corps sont plus sveltes, les jambes plus fines, et le visage davantage détaillé. Le peintre va même jusqu’à différencier les hommes des femmes en peignant les premiers en noir et les secondes avec des points et des robes. L'incision discrète fait apparaître les détails de la crinière du cheval.

L'influence orientale est également visible par les motifs décoratifs : les volutes renversées, les végétaux en forme de rosettes ou des tresses (sur le col de la loutrophore) remplacent les formes géométriques qui disparaissent définitivement. Les figures humaines tranchent avec le fond rouge brin de l’argile ce qui crée un contraste permettant la mise en valeur du personnage. Le développement de la figure humaine s’illustre dans la représentation des épisodes de la mythologie grecque, source d'informations capitales pour la découvrir et la connaître.

Si Athènes et Corinthe regroupent à elles deux la grande majorité de la production de vases, la production artistique de vases peints s’étend à toute la Grèce tant dans les Cyclades (îles au sud de la mer Egée) qu’en Asie Mineure. Ce bref regard sur la production des ateliers " secondaires " commence avec Rhodes. Comme la plupart des autres ateliers, Rhodes a suivi les mêmes courants artistiques que le continent mais il existe un certain décalage entre les deux lieux puisque, par exemple, au moment où l’art orientalisant s’épanouissait à Athènes, l’art géométrique était encore de rigueur à Rhodes. C’est ainsi que la figure humaine n’est pas aussi utilisée et les artistes Rhodiens préfèrent dans la seconde partie du VIIe siècle des scènes animales au détriment des scènes humaines. Comme d’oe nochoé (vase à vin) le montre à droite, les animaux dont le fameux sphinx à ailes sont accompagnés de motifs de remplissage, croix gammées ou rosettes. Bien que cette peinture soit agréable, le principal défaut de l’œuvre tient dans la répétition sans fin de la scène et l’absence d’animation qu’elle inspire.

Quant à la céramique crétoise, l’art orientalisant s’ouvre tôt, vers 730, alors qu’il est presque inconnu à Corinthe. On va même jusqu’à supposer que c’est de Crète que les incisions sont nées puis importées à Corinthe. Mais ce début prometteur va vite s’estomper et la céramique crétoise s’essouffle dès 680 au moment où Corinthe et Athènes créent leurs plus belles œuvres. La jarre funéraire à trois pieds, photographie ci-contre, date d’environ de cette époque. On remarque la faiblesse et la simplicité d’un décor composé de bien peu de figurines. L’influence géométrique est encore très présente alors que ce courant n’existe plus à Athènes depuis la fin du siècle précèdent : lignes au pied du vase, d’autres en " zig zag " sur la panse. Quant aux autres ateliers, ils restent en retard et leur production est souvent plus une copie qu’une création en elle-même ce qui n’empêche pas quelques réussites qui donne vie à l’art de la céramique des îles grecques.

Cette supériorité  du continent sur les productions insulaires s’amplifie avec l’invention et surtout le développement de la technique dite de la figure noire, l'une des deux techniques les plus célèbres de l'art grec pour la céramique. Cette technique consiste à représenter les personnages en noir sur fond clair avec un grands nombre d’incisions. Elle sera l’objet d’une grande concurrence entre Corinthe et Athènes durant presque deux cents ans. Si la première ville l’invente, la seconde va la maîtriser.