en raison des formes dessinées sur les céramiques.
Très abstrait, l’art proto-géométrique ne compte que très peu de formes utilisées, à peine une petite vingtaine alors que la civilisation Mycénienne en connaissait plusieurs centaines. Ce premier vase montre les principales décorations réduites à de simples cercles ou demi-cercles concentriques, accompagnés de bandes ondulées ou rectilignes. La pauvreté des motifs et la monochromie indiquent le malaise de l’art grec ,qui, même s’il naît au Xe siècle des cendres de l’art mycénien, reste encore bien précaire, bien fragile et bien peu esthétique. L’art grec a besoin de passer par des étapes transitoires, il ne peut passer de la rigueur pré géométrique à la finesse de l’époque classique.
L’art proto-géométrique se poursuit jusqu’au début du IXe siècle
pour laisser place à un progrès dans la représentation des formes et dans la qualité de la peinture : l’art géométrique. La diversité des motifs réapparaît : l'amphore de droite est un exemple de l’art géométrique mûr ou moyen (850-800). Trouvée à dans un cimetière d’Athènes, elle mesure 77cm et avait une fonction funéraire puisqu’elle contenait les restes d’une femme. Les détails décoratifs sont plus soignés, l’artiste a rempli la surface de décorations. Dents de scie (en bas), chevrons (en haut), méandres, sont les motif récurrents de l’art géométrique, l’artiste les duplique à l’infini. Quant aux formes habituelles, les cercles ou les lignes, ils n'ont plus l'expression simpliste du proto-géométrique.
L’art grec ne serait pas celui que l’on connaît si son inspiration ne trouvait pas son principal motif dans la figure humaine. Jusqu’au VIIIe siècle, l’homme n’apparaît pas dans l’art grec. Avec ce vase athénien, dont on voit ici un détail, daté d’environ 760, on assiste à la naissance de la céramique figurative, progrès fondamental qui va décupler les possibilités artistiques de la peinture grecque. Sa panse représente l’une des deux étapes de la cérémonie mortuaire en Grèce antique : prothésis ou l’exposition du mort. Ce rite mortuaire se définit par une scène de lamentation nettement perceptible autour du défunt avec ses proches qui placent leurs bras à la tête en signe de douleur et d’affection tandis que d’autres se font signe. Ces détails et ce souci de réalisme donnent vie et dynamisme à la scène.
La réapparition de la figure humaine reste cependant bien timide de même que sa représentation est grossière. Les corps, très filiformes, ne rompent guère avec la tradition géométrique, bustes triangulaires, jambes à peine ébauchées, bras fins, les personnages restent stéréotypés. Bien que la superficie de cette scène reste faible au regard de l’ensemble, les personnages sont placés au centre pour souligner l’importance d’une telle scène. Mais peut-on réellement parler d'expressivité humaine pour une céramique dont la figuration vient, certes animer la rigueur géométrique, mais dont la part est si faible au regard de l’ensemble? Quant aux motifs décoratifs, les artistes en ajoutent de nouveaux, les lentilles entre autres (petits losanges au niveau du haut du pied). Il est cependant incontestable que l’art grec est en pleine
expansion. Il a trouvé avec la figure humaine le chemin qui l’amènera aux belles représentations classiques faisant du corps humain et de sa beauté la source d’un réalisme saisissant.
Vingt ans plus tard, la figure humaine s’impose puisqu’elle couvre désormais l'ensemble de la panse. Son dessin reste encore grossier mais on note déjà une amélioration. Le déclin des formes géométriques est nettement commencé et derrière lui il faut voir le déclin de l’art géométrique en général. A cette expressivité humaine s'adjoint l'essor du monde grec qui amène son peuple, par l’intermédiaire du voyage, à cottoyer d'autres cultures. De ce mélange va naître un nouveau style, dit "orientalisant".